Fondation de l'Unité pastorale des Saints Apôtres Chiny-Florenville

Dimanche 6 octobre à 10 h 00
Église de Florenville

Accueil de Mgr Warin par l'Abbé Jean-Louis Brion

Monseigneur, votre présence ici ce matin nous apporte une grande joie. Nous sommes bien conscients de l’importance de l’événement unique qui nous réunit nous qui sommes venus de toutes nos paroisses. En écrivant il y a quatre ans la lettre pastorale « Duc in altum », « Avance en eau profonde », vous avez invité les diocésains à entrer dans le grand projet du chantier paroissial qui remodèle, sans la supprimer, la physionomie de nos paroisses. « Avance en eau profonde », tel fut l’appel de Jésus à ses apôtres découragés. « Avancez en eau profonde », tel est le message que vous nous apportez aujourd’hui, vous qui êtes le successeur des apôtres.
Le chantier, nous connaissons bien cela à Florenville. Nous y sommes presque habitués, habitués si l’on veut ! Les chantiers bouleversent nos habitudes et nos façons de vivre. Il y a certainement en nous de nombreuses questions, des craintes, des peurs. Il s’agit pourtant d’aller vers le large, confiants dans la présence du Seigneur à son Eglise.

Le nom de notre unité pastorale nous ramène aux sources mêmes de l’évangile. La magnifique icône de la dernière cène peinte par frère Charbel, moine d’Orval, icône qui se trouve au réfectoire de la communauté, nous rappelle que l’eucharistie est au fondement de la vie de l’Eglise : elle la constitue, lui donne sa force et son dynamisme. Enfin, nous n’oublions pas la présence à nos côtés de la Vierge Marie. Sans oublier les nombreuses potales, statues et chapelles de nos villages, nous voulons tout de même rappeler qu’elle est bien présente dans nos deux communes : à Florenville, elle est la patronne de la paroisse, signe de son ancienneté et à Chiny, elle est vénérée comme Notre-Dame de Luxembourg, grâce à la présence des Jésuites au 17e siècle. Sa statue est ici dans le chœur. Marie fut disciple avant d’être mère. Elle fut mère, parce que disciple. Elle est bien la reine des apôtres.

Le remodelage de nos paroisses a aussi nécessité de regrouper les doyennés : ainsi les doyennés de Florenville, Habay et Virton forment désormais un seul doyenné, le doyenné de Gaume. Notre doyen l’abbé Wenceslas, de Virton est ici présent. Nous ne parlerons plus désormais du doyenné de Florenville, mais bien de l’unité pastorale des Saints Apôtres de Chiny-Florenville. Les formes changent, mais le contenu reste toujours le même : l’essentiel est que l’évangile soit toujours annoncé et vécu, ce à quoi nous aspirons tous. Dans l’exhortation apostolique, la joie de l’évangile, le pape François écrit : « La joie est un signe que l’évangile a été annoncé et donne du fruit. Mais elle a toujours la dynamique de l’exode et du don, du fait de sortir de soi, de marcher et de semer toujours de nouveau, toujours plus loin. » (n°21)

Abbé Jean-Louis BRION

Homélie de la messe de fondation de l'Unité pastorale des Saints Apôtres Chiny-Florenville

Un sondage commandé, il y a quelques années, par l’Eglise catholique en France révèle que « le couple qui dure » est une valeur à laquelle adhèrent 77% des Français. Et ce n’est pas une conviction ringarde de personnes âgées puisque 84% des 18-24 ans et 89% des 25-34 ans se retrouvent dans cette valeur. Seulement … il n’y a qu’un tiers des Français qui croient possible de « construire une famille avec la même personne toute la vie ». Il y a donc une distorsion entre le désir profond, le projet de vie, et la confiance en l’avenir. La situation en Belgique ne doit pas être sensiblement différente.

La distorsion mentionnée m’amène à formuler cette proposition : il faut soutenir la soif d’absolu, aussi en matière conjugale, qui habite nos contemporains. En parlant, par exemple, de la grâce de Dieu attachée au sacrement de mariage.

Deux fois dans l’Evangile, en Mt 19 et en Mc 10 dans un passage que nous venons d’accueillir, Jésus dit : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Peut-être parce que nous sommes facilement des pélagiens, peut-être parce que nous mettons facilement l’accent sur le faire et trop peu sur la grâce, l’assistance toute-puissante de Dieu, la tendance est d’insister sur la seconde partie de la phrase : « Que l’homme ne sépare pas », et trop peu sur la première : « Ce que Dieu a uni ». Il nous faut dire d’abord que, dans le mariage, le nœud est fait par Dieu. Le discours aux couples et aux familles ne doit-il pas être spirituel avant d’être moral ? Plutôt que de dire : « Tu dois. Non à ceci, non à cela » ne convient-il pas de parler d’abord du don de Dieu ?

Les mariés ou futurs mariés aspirent profondément à entendre dire que, quand un mariage est célébré, comme à Cana Jésus est là pour le meilleur et pour le pire, et aussi pour changer le pire en le meilleur. Après avoir goûté l’eau changée en vin, le maître du repas félicite le marié pour l’excellence unique de son vin. Supérieur à tout ce qu’on pouvait attendre. Et en quantité s’il vous plaît. Il y avait six jarres chacune de deux à trois mesures, chacune d’environ 100 litres. Au total, cela fait dans les 6 hectolitres. Elle est terrible la cave de Dieu !

Frères et sœurs, en ce jour où les secteurs pastoraux de Florenville et de Chiny vont devenir l’Unité pastorale des Saints-Apôtres Chiny-Florenville, permettez-moi d’ajouter quatre mots d’ordre pour notre route en Eglise.

Premier mot d’ordre : vivre tourné vers le monde et non vers soi-même.

Qu’est-ce qui fait surtout l’objet des préoccupations de nos conseils et équipes de paroisse et d’UP ? Ne sommes-nous pas, dans l’Eglise, trop souvent préoccupés par des questions de cuisine interne et trop peu par cet impératif : comment faire signe au monde ? Selon l’heureuse formule du Concile Vatican II, l’Eglise est sacrement du salut pour le monde. Elle n’existe pas pour elle-même. Du reste, on gagne en santé lorsqu’on s’oublie soi-même pour penser à l’autre. La prière attribuée à saint François d’Assisse dit : « C’est en se donnant que l’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve soi-même. »

Deuxième mot d’ordre : vivre pleinement sa foi.

Comment l’Eglise pourrait-elle être évangélisatrice si elle ne commence pas par s’évangéliser elle-même ? Dans un monde où la foi ne va plus de soi, pour être contagieux il s’agit de vivre sa foi de manière effective, de s’approprier pleinement le message que nous avons reçu. Il faut que l’amour du Christ devienne une passion qui soulève tout l’être ! Le monde a, du reste, davantage besoin de témoins que de docteurs de la foi.

Troisième mot d’ordre : oser en toute liberté la différence.

En Genèse 4,10, Dieu dit à Caïn : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » Dans un monde où tant d’hommes et de femmes sont piétinés, dans un monde à maints égards franchement injuste, l’Eglise doit en toute liberté oser la différence. « Je vous envoie, a dit Jésus, comme des agneaux au milieu des loups. »
Dans une société qui part en croisade non seulement contre les signes religieux mais encore contre l’idée même de Dieu, oser dire : « Gens de la modernité, vous vous trompez sur Dieu ! Il ne fait pas seulement partie du passé de notre culture. Il demeure un horizon et un chemin.

Quatrième mot d’ordre pour la route de nos communautés chrétiennes.

Autant j’entends que le prêtre, comme signe sacramentel du Christ-Pasteur, soit celui qui préside à la vie et au rassemblement des communautés chrétiennes, ainsi que leur responsable ultime, autant je trouverais injuste de tout voir et de tout concevoir à partir de lui. Si les prêtres sont les responsables du tout (de l’ensemble), ils ne sont pas responsables de tout. Prêtres, ils doivent l’être oui, mais avec d’autres.

Je salue l’avènement des laïcs qui se sentent plus solidaires, plus partie prenante de la vie ecclésiale. Chacun comprend mieux qu’il a un rôle à jouer pour le bien du corps entier et pour porter l’Evangile à d’autres. Je salue l’avènement des assistants paroissiaux qui collaborent au ministère même des prêtres. Je salue l’avènement des équipes pastorales des UP ainsi que, depuis plus de 50 ans, des diacres permanents. Nous allons, toujours plus résolument, vers une Eglise où le prêtre ne fait plus tout ou à peu près tout. N’est-ce pas plus juste ainsi ? N’est-ce pas un gain ?

+ Pierre WARIN
Florenville, le 6 octobre 2024,
fondation de l’UP,
27ème dimanche ordinaire B.

La symbolique du logo

Comment traduire une unité pastorale en un logo, symbolique du souffle de l’Esprit qui nous anime et nous porte ?

Nous avons choisi les Saints Apôtres :

  • Regardez ce qui nous fait penser aux méandres des rivières qui traversent les différentes paroisses : la Semois la Chiers, la Vierre. Elles ont creusé leur lit depuis des millénaires et quelques fois, elles en sortent et nous surprennent, nous déstabilisent, elles nous débordent mais elles donnent la vie.
  • Regardez ce  des Saints Apôtres. Eux-mêmes n’ont-ils pas brisé le cadre de leur vie après la rencontre avec l’homme-Dieu Jésus ? Ils ont dit et crié leur foi, annoncé la mort et la résurrection du Christ, ils ont bousculé leurs contemporains et ont creusé des chemins divers, toujours sous le signe de la croix.
  • Regardez les nuances de bleu : celui de la Vierge Marie, patronne de certaines de nos paroisses et de l’abbaye d’Orval. Elle est restée au côté des Apôtres dans la peur, la souffrance et la joie. Au cours de cette messe, demandons-lui de nous accompagner sur les chemins sinueux de l’Evangile.

Et merci à Anne Poncelet qui nous aidés pour élaborer ce logo de l’unité pastorale Chiny-Florenville.

Catherine Quirynen